Pourquoi les produits bio sont-ils chers?

A toutes les personnes qui consomment ou non des produits estampillés “BIO” et qui se posent la question du juste prix, je propose cet article pour éclaircir la question.

“Pourquoi les produits bio sont-ils chers”?

“Je ne consomme pas bio car vous avez-vu le prix? c’est sûrement de l’arnaque”!

On a tous vu un reportage qui prouvait que certains produits biologiques bruts ou transformés n’étaient pas d’une qualité irréprochable, car comme partout il y a des individus qui n’ont pas d’éthique et qui leurrent le consommateur sans état d’âme.
Mais cela ne reflète pas le marché total, c’est juste un faible pourcentage de la production similaire aux autres labels.

Si on ne peut plus se fier à rien, autant rester cloîtré chez soi et tenter l’autarcie, mais qui peut faire cela?
Pour rester vivant dans le monde, on en accepte les règles, et c’est pourquoi l’on doit se forcer un peu à faire confiance à tous ces labels et logos, ainsi qu’à leurs promesses.

Consommer un produit bio, c’est préférer s’alimenter avec un aliment non transformé génétiquement et élaboré avec peu ou pas de produits chimiques, de conservateurs et de colorants synthétiques.

A produit identiques en bio si l’on se retrouve à en consommer du local ou du fermier traditionnel ou provenant d’AMAP, on sent une différence gustative dès que l’on compare ces produits avec les produits bio des marques de supermarché.
Mais l’écart de prix en grande surface sur les autres produits transformés est incitatif à l’achat…contrairement aux prix des produits en superettes bio qui s’ouvrent partout sur l’hexagone.

Alors pourquoi un tel écart de prix?

En dehors des commandes avec un nombre de marchandise moindre qui ne permettent pas de négocier les tarifs chez les superettes par rapport aux grandes surfaces, il y a d’autres éléments à inspecter.
Pour commencer je voudrais vous aider à relativiser les choses car sait-on sur quoi on se base pour dire que c’est cher? Selon si on est un smicard ou plus riche, on n’aborde pas les fourchettes de prix avec le même raisonnement.

Il faudrait des éléments de comparaison…


Au milieu de cette multitude de produits AOP, AOC, sans label, Made in France, ethicable/ équitable, filière Bleu blanc coeur, agriculture raisonnée…..etc..le produit issu d’agriculture ou d’élevage biologique semble être concurrencé.
Mais aucun autre label ne propose des points de sélection aussi respectueux de la nature  dans sa charte sinon un label de biodynamie couplé à un label Vegan.

En conséquence, la charte bio impose des contrôles stricts qui sont garants de la qualité du produit. Plus il y a de sélections et de contraintes et plus le prix s’élève, car les techniques de maraîchage et d’élevage se désindustrialisent sur des surfaces à taille humaine.

L’élaboration des produits suit un cahier des charges stricts, et chaque maillon de la chaîne de production bio est soumis aux contrôles des organismes de contrôle et de certification communément appelés OCC.
Ces derniers sont à leur tour contrôlés par l’Etat et l’Institut National d’origine et de qualité (INAO) puis accrédités par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC).

“Mais le label bio dans les autres pays, moi je n’ai pas confiance”
Je vous répondrais “c’est vous qui voyez”, mais saviez-vous que certains OCC comme ECOCERT sont accrédités pour certifier dans d’autres pays?
Comment est-ce possible?
Ca l’est parce que le ministère de l’agriculture d’un pays ou n’importe quel autre contrôleur d’Etat officiel à ce pays étranger donne une accréditation à un OCC pour labelliser ses producteurs Bio.
Ainsi on retrouvera ECOCERT en Europe sous 4 labels , mais aussi au Japon, en Belgique et aux USA.

Pourquoi parler des labels alors que la question concerne le prix de vente des produits?

Tout simplement parcequ’ils sont à la base des premiers coûts obligatoires supportés par le producteur, puis par le transformateur et à l’arrivée par le consommateur.
Ces organismes ne font rien gratuitement vous l’avez compris, aussi pour faire labelliser bio sa production, l’agriculteur devra payer une redevance annuelle à hauteur de “taille d’exploitation”, ajouté à un prix: par hectare de prairie exploitée et par nombre de bêtes.
Selon les prix pratiqués par l’OCC que l’agriculteur aura choisi, vous trouverez des montants partant à 300€ pour 3 hectares de maraîchage, à 800€.
Selon les activités agricoles, ce montant toise les 1000€ de redevance. La fourchette bio ratisse large!


Un constat: le label bio fait vendre, mais le label bio coûte cher.
Il est normal d’en parler lorsque l’on aborde le prix de ces produits.

On ne doit pas omettre qu’un effort est fait avec cette possibilité de crédit d’impôts (impôt sur les bénéfices selon  l’article 244 quater L du CGI) pour les entreprises agricoles prouvant un seuil minimum de 40% des recettes relevant du mode de production biologique, mis en place en mars 2018 pour les années depuis 2011 et jusqu’ à 2020.

Mais c’est sans oublier une taxe de 0,2% du montant total d’une vente hors TVA de produits phyto, et une autre taxe de 0,1% du chiffre d’affaire rajoutée sur la vente des produits de biocontrôle (utilisables en agriculture bio contre le mildiou et l’oidium par exemple) qui ne facilite pas financièrement l’agriculteur à assainir ses cultures, en plus de l’augmentation généralisée de la TVA.

Les produits de culture bio ont un coût pour nourrir et soigner la production.

“Mais  mon grand-père dans son jardin, il a toujours fait bio, c’est simple il suffit d’arroser et sa pousse seul!”

Non c’est bien plus que cela, et travailler un petit potager est bien différent que de chercher à rentabiliser au maximum une surface agricole malgré les intempéries.
Il y a aussi des ouvriers à payer, des charges d’entreprise, des crédits sur l’achat de matériel et de semences, des factures d’eau, tout cela en grande quantité.
Le temps est également difficile à facturer, je parle du temps que la Nature prend pour croître et porter ses fruits, et tous les soins naturels que l’agriculteur bio confère aux plantes ou aux bêtes.


Payer sa facture d’OCC.

Cet ensemble de points est exigé à la perfection lors des contrôles obligatoires administrés par l’OCC qui va venir sur l’exploitation prélever et analyser des échantillons de terre, et tout autre produit.
L’exploitant se soumet à deux contrôles par an au minimum dont un “surprise”, puis il honore la facture émise par l’Organisme certificateur.

Si les analyses prouvent un manquement aux normes du bio, la punition est irrévocable puisque l’exploitation sera déclassée sans retour possible.

Ce genre d’évènement est constaté sur 10% des producteurs, ce qui permet régulièrement de faire le tri et évacuer les fraudeurs du bio même si malheureusement parfois, ce sont les cultures conventionnelles avoisinantes qui ont pollué les cultures biologiques.
Pour ces derniers tout de même victimes, être déclassé conduit à perdre son label bio et se retrouver en « culture en conversion » durant trois années.

Payer la technique.

Ce n’est pas parce que les agriculteurs produisent du bio que toutes leurs techniques datent de l’époque médiévale.

Certains ont choisi de surveiller la vie nuisible ou auxiliaire dans leurs cultures grâce à la gestion de l’eau.
Le stress hydrique d’un arbre peut-être surveillé en connectant des capteurs sur branches à un boîtier électronique. Cet appareil moderne collecteur de données très précis se complète avec un logiciel d’analyse comme par exemple “Fruition Sciences” qui fournit des données en temps réel par wi-fi ou autre appareil connecté à internet.

Les agriculteurs bio utilisent également des machines agricoles qui coûtent cher.
Mais en plus ils désherbent manuellement ou thermiquement, ce qui est bien plus long que de mettre du désherbant chimique.
Ils fabriquent ou achètent des macérats de plantes, des produits phytosanitaires pour le soin des plantes et des bêtes (huiles essentielles, homéopathie..) qui sont coûteux, ainsi que des semences bio.

Comparez tout cela simplement en jardinerie: du terreau ou des graines bio par rapport à du conventionnel et vous verrez que les agriculteurs du bio ont eux aussi cette différence de tarifs.

De plus pour éviter que les maladies se propagent facilement dans leurs cultures, ils ont des espèces plus variées et sur des surfaces à “taille humaine”.
Au contraire pour les animaux, il y en a moins sur des plus grandes surfaces, afin qu’ils s’épanouissent au mieux.

Le mode de production biologique, un choix.

Ce sera ma conclusion, en effet que ce soit dans la culture ou dans la consommation, chacun choisi de participer à vivre dans un monde sain ou pas.

On choisi en fonction de ses revenus bien sûr, mais aussi en fonction de ses priorités.

Beaucoup de citoyens voient dans leurs façons de se nourrir, une idéologie ou une façon de combattre le système destructeur de notre écologie.
Il y a aussi l’envie d’avoir un corps sain, car comme disait Jim Rohn “Prenez soin de votre corps, C’est le seul endroit que vous avez pour vivre”,  ainsi en mangeant un produit bio qui tient ses promesses, le consommateur choisi un produit élaboré de la manière la plus naturelle possible, dans son cycle de maturité optimum.

Un produit bien plus riche en éléments nutritifs que son homologue conventionnel avec moins de produits chimiques est un aliment de qualité à notre époque où tout est pollué.
Et tant que les Etats n’allègeront pas les taxes sur ce mode production, sa démocratisation ne pourra entraîner de chute de prix.
Aujourd’hui plus que jamais, la qualité a un prix, que les consommateurs non-élitistes payent trop fort.

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